Tillier et la gamelle - premier billet de la ménagère révoltée

Publié sur la page facebook des Révoltés du 974, le 8 octobre 2020 :

« Tillier et la gamelle » en réponse à l’édito du Journal de L’Île de La Réunion du samedi 3 octobre 2020, « Plus la laisse est courte, plus la gamelle est bonne »

Et pour vous, Monsieur l’éditorialiste directeur du JIR, quel est le goût de la gamelle ?

On a connu Jacques Tillier plus avisé dans ses choix éditoriaux. À son crédit, on doit reconnaître qu’à plusieurs reprises il a permis la dénonciation de multiples corrompus. Il est parfois éclairé et il lui arrive de nous réjouir.

Mais on observe surtout que, responsable d’une entreprise médiatique soumise à toutes sortes de pressions financières et d’intérêts occultes, il barbote volontiers dans un climat d’escarmouches mafieuses. Ses indignations obéissent à un arbitraire soigneusement sélectionné. Il n’hésite pas à laisser de vrais salauds, qui sévissent pourtant à La Réunion depuis de nombreuses années au vu et au su de tout le monde, échapper comme par un curieux miracle à ses dénonciations providentielles.
Son audace dénonciatrice et justicière n’est pas sans limite. Que surgisse quelque intérêt personnel ou financier, quelque affinité élective ou partisane, quelque avantage stratégique momentanément obscur aux yeux du profane, et l’on voit l’audace aussitôt s’évanouir. C’est la loi des milieux interlopes. Inutile de chercher dans ses stratégies la moindre déontologie dont se réclament par ailleurs unanimement ces médias dont il est, il faut le rappeler, un dirigeant local en vue !

L’éditorial du samedi 3 octobre dernier s’illustre en matière d’indécence morale et intellectuelle.

En premier lieu, le caractère à la fois grotesque, absurde et mensonger de l’attaque contre les pseudo « zadistes » du rond point des Azalées ne peut que mettre la puce à l’oreille du lecteur averti. La charge est tellement et si lourdement stupide qu’on doit se demander ce que cherche vraiment le JIR ? Les voyous en col blanc et distance sociale appropriée musclent leur trésorerie tandis que Jacques Tillier se penche sur une « joyeuse bande de pitres » et fait semblant de défendre deux journalistes femmes, en vrai macho qu’il ne parvient même pas à dissimuler sous son masque chirurgical.

Spontanément, on voudrait inviter l’éditorialiste, en la circonstance bien mal venu, à se priver de la médiocrité des services de ses informateurs. Les préjugés et les partis pris ne peuvent généralement tenir lieu de connaissance, et pourtant on en arrive à craindre que ça, c’est sûrement le seul choix déontologique de cette équipe.

Deux réflexions plus loin et il nous faut revenir à l’introduction de l’édito du jour, agrémenté de la photographie du maire du Tampon, André Thien Ah Koon, qui permet de saisir le sens de la manœuvre. « Personnellement, nous éclaire l’éditorialiste, je me moque éperdument de ce que ces gens-là représentent, de ce qu’ils disent et font. » Le chapelet d’actions condamnables et de qualificatifs peu élogieux, mais insidieusement menteurs, attribués aux membres de la communauté des Azalées est donc répertorié surtout pour une instrumentalisation en mode low cost. Les militants des Azalées ne comptent pas, ce sont simplement « des activistes, agités, bras cassés, feignants, relevant du RSA, etc… » C’est entièrement erroné ? Il s’en fout.

Comme souvent, les choses ne sont pas vraiment comme elles se présentent et l’assaut incongru mené contre le QG Zazalé dissimule à peine sa vraie cible. La cible réelle de l’offensive, c’est le maire du Tampon, protecteur des va nu pieds. « Cui bono ? » À quel commanditaire l’affaire pourrait- elle profiter ?.. Là on sent le politique qui rapplique, donc ça ne nous concerne plus… Et là, c’est moi qui m’en fous.

Jacques Tillier, tout à ses obsessions de vieux papy malfaisant, ne cherchera jamais à comprendre pourquoi, tant de réunionnais en état de perdition financière, de manque de reconnaissance sociale, victimes d’inégalités scandaleuses, de spoliations de leurs biens et de leurs droits, dépossédés de toute possibilité d’agir et de faire évoluer leurs conditions de vie, frustrés par les mensonges des personnalités publiques, par la persistance de pratiques colonialistes ou parfois nettement racistes… et tant d’autres injustices, se regroupent autour des Zazalés.

Au delà de l’indignation qui saisit spontanément les observateurs qui voudront bien s’informer honnêtement de ces situations locales, comment ne pas s’interroger sur les impasses que produit de façon chronique un modèle sociétal mondial dont nous sommes tous tributaires, modèle décrit lui-même en état d’échec croissant et producteur d’une souffrance sociale devenant pour beaucoup de plus en plus intolérable. Et ça, ce n’est pas une spécificité réunionnaise ! Mais en attendant, grâce à cet éditorial salvateur, on l’ a bien compris, les Zazalés ne sont que de « joyeux comiques » à « remplacer par des pots de fleurs », que la mairie du Tampon n’aura pas besoin de « ravitailler en boustifaille midi et soir »…

Dans toutes les sociétés avancées, l’angoisse se fait jour à propos de notre destinée et celle de nos enfants, destinée pour laquelle il ne suffit pas d’inviter le troupeau aveugle à faire confiance aux diverses entreprises de vaccination réelle ou symbolique qu’on lui promet. Tous les mouvements alternatifs nous montrent aujourd’hui un chemin possible pour sortir du bourbier. Avec bien d’autres micromouvements qui se développent à La Réunion, l’histoire du QG des Azalées offre de ce point de vue un intérêt réel. Leurs actions présentent, il est vrai, des aspects discutables et à discuter. Mais que sont-elles face aux exactions auxquelles se livrent impunément et sans discontinuer les sommités, corrompues et profiteuses, de nos hiérarchies politiques, économiques ou sociales.

Les mouvements alternatifs sont nos lanceurs d’alerte. Ils nous décrivent, selon leurs expériences et dans leur langage, le point focal de tant de problèmes auxquels est confronté notre système sociétal épuisé. Quand mon doigt montre la lune, il n’y a vraiment que les imbéciles pour regarder le doigt…

– Une citoyenne anonyme (devinez pourquoi) indignée et révoltée.

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merci @oneiric974,

je lis l’édito de Tillier et c’est vrai que c’est mensonger et abject.
pas grand chose à ajouter sur ce personnage.

je trouve que la réponse de cette citoyenne anonyme permet de mieux comprendre ce que signifie le QG Zazalé. (que je soutiens activement par ailleurs)