Qu’est-ce que la peur ?
Dixit le Talmud : « Nous ne voyons pas les choses telles qu’elles sont mais telles que nous sommes ». Or, nous adorons les héros. L’imagination aidant nous nous en faisons une image idéalisée comme, par exemple, Bayard, dont l’histoire nous dit qu’il serait le chevalier « sans peur et sans reproche ». Sans reproche, soit, mais sans peur ? A part les soldats drogués qui vont au combat dans une parfaite indifférence (apparente) à la mort et, peut-être aussi des maîtres samouraïs ou autres combattants experts dans leur art, il me semble douteux qu’un guerrier puisse ne pas connaître la peur quand l’adversité met sa vie en péril imminent.
Si n’écoutant que son courage, il va au combat sans hésiter, sa conduite pourra laisser penser qu’il ne connaît pas la peur mais ce serait une erreur. Il y a toute raison de penser que, pour tout homme, la peur est présente dès que la mort approche et ce qui fait le guerrier est, avant tout, sa capacité à dominer sa peur et à faire ce qui doit être fait, quoi qu’il en coûte.
Je viens de parler de la peur d’une manière qui, je l’espère, fait sens. Mais pourtant je n’en ai donné aucune définition. Cela n’a posé aucun problème car nous savons tous ce qu’est la peur. Alors à quoi correspond exactement la question posée ? Que cherchons-nous exactement ? Nous savons bien qu’il s’agit d’une émotion ou plutôt d’une famille d’émotions car ses synonymes sont nombreux. Nous savons qu’elle peut-être très puissante et donc difficilement contrôlable… Et là, bingo ! Ce mot « contrôle » dit l’essentiel : si comprendre ce qu’est la peur nous intéresse, c’est probablement que nous souhaitons la mieux connaître afin de la contrôler mieux, n’est-ce pas ? La connaissance, c’est le pouvoir nous disent les philosophes, non sans raison.
Alors banco, mettons tout sur la table, tout ce que savons de la peur, l’expérience que nous en avons et tentons d’organiser cela afin de mieux discerner de quelles manières il serait possible de la contrôler, naturellement, sans substances psychoactives. Par les temps qui courent, cela pourrait se révéler utile vous ne pensez pas ?
Quoi qu’il en soit, il me semble qu’un critère probant de la réussite de notre enquête sera notre capacité à expliquer comment certains — de plus en plus nombreux dirait-on, à voir le succès des contenus horrifiques de Netflix — se font plaisir en se faisant peur. Ce n’est pas du tout mon cas, et vous ?