Bruno Bourgeon, médecin néphrologue bien connu des lecteurs réunionnais, a publié, dans les journaux Le Quotidien et Témoignages, un texte faisant état de suspicions graves concernant les vaccins à ARNm et provenant d’une revue de toxicologie.
Tout le monde le sait à présent, les effets secondaires des vaccins ARNm ont rapidement suscité des niveaux de signalements tout à fait exceptionnels auprès des agences de surveillance. Qu’on aime ou pas c’est une réalité. Et il en va de même pour toutes les autres données statistiques et les résultats scientifiques concernant lesdits effets secondaires. On peut affirmer qu’il s’agit de faits qui, en tant que tels, doivent être portés à la connaissance du public. La manière de les interpréter c’est, bien sûr, une autre histoire. Mais une chose est sûre : ce n’est pas aux journalistes qu’il appartient d’en juger !
La base de leur éthique professionnelle, c’est de contribuer à la libre circulation de l’information perçue comme sérieuse sinon objective. Dès lors qu’il s’agit des conclusions d’une publication scientifique, ce critère est satisfait et ils n’ont plus leur mot à dire, même si ladite information va à l’encontre du narratif gouvernemental – aussi bien intentionné que soit celui-ci a priori.
C’est pourquoi il est désolant, et je dirais même affligeant d’apprendre avec un « checknews » de Libération consacré à l’article de Bruno Bourgeon qu’un journaliste, qui plus est syndicaliste, Edouard Marchal pour ne pas le nommer, se pense en droit de reprocher à sa rédaction un défaut de vigilance en évoquant une « hostilité à la vaccination » qui n’aurait jamais dû passer ; comme s’il était interdit, voire criminel, de propager des résultats scientifiques qui ne vont pas dans le sens de la politique gouvernementale à laquelle, de toute évidence, la ligne éditoriale de son journal devrait, selon lui, se conformer.
Je voudrais rassurer ce monsieur : les journalistes ne risquent pas de passer pour des branquignols en publiant des comptes-rendus de journaux scientifiques. A l’inverse, le risque est extrême de passer pour tels s’ils se contentent de suivre comme une girouette les directives gouvernementales dont, là aussi, tout le monde sait très bien qu’elles n’ont cessé de se contredire et d’engendrer de l’incohérence tout au long de la crise Covid.
Cultiver le sérieux, l’objectivité, et la diversité de l’information, même celle qui prête à controverse, voilà ce à quoi les bons journalistes s’attellent plutôt que de prétendre jouer les commissaires politiques en charge de je-ne-sais-quelle vérité (pravda) sanitaire.