Bonjour,
Je suis étudiant universitaire en agronomie et développement durable. Avec mon groupe nous réfléchissons à l’utilité de l’outil numérique pour soutenir l’agriculture durable à La Réunion.
Contexte
Au sens étymologique, le terme “agriculture” signifie “une culture de la terre ” (Ovide, Remedia Amoris, 1343). Dans ce sens, il s’agit, pour une famille ou une communauté vivant sur le territoire, de nourrir un sol et d’y cultiver sans intrants issus de la pétro-chimie, des plantes consommables aux humains et animaux d’élevage, pour récolter des produits vivriers (opposé à produits de rente) nécessaires à satisfaire (en quantité, qualité et toute l’année) leurs besoins physiologiques sans compromettre leur santé. Les récoltes sont destinées à la propre consommation de la famille ou sont échangées à proximité.
L’agriculture durable se compose d’agricultures alternatives au modèle dominant. Dans son livre « Ils vous nourriront tous, les paysans du monde, si… », Louis Malassis défini l’agriculture en trois âges. Le modèle dominant est celui de l’âge moderne qu’il cite comme « un modèle agro-industriel productiviste caractérisé par une haute productivité de la terre et du travail » (Malassis, 2006), un modèle global et uniformisé.
A la fin des années 1700, l’agriculture Réunionnaise était diversifiée et Bory de Saint Vincent l’a décrite. Dans le chapitre « Les riantes campagnes diversifiées du 18e siècle » de l’Atlas des paysages de La Réunion, il est mentionné "la répartition de ces diverses cultures sur les pentes extérieures de l’île : le blé et le maïs dominants partout, l’élevage dans les parties basses de l’ouest et du sud, le riz et les légumes sur les mi-pentes, le coton un peu plus haut.
Depuis le début des années 1900, l’agriculture réunionnaise s’est tournée vers ce modèle dominant et les paysages s’ouvrent à la culture de la canne à sucre. Peu à peu, les ménages sont entrés dans l’économie de marché. Cultiver n’est plus le seul moyen de vivre, le travail dans les usines permet aussi d’obtenir de l’argent pour acheter son alimentation.
Depuis quelques années et surtout depuis les manifestations des « gilets jaunes », les questions d’approvisionnement, de qualité, de coûts, d’importation, d’empreinte carbone, de déchets plastiques d’emballage, etc…font, justement, l’objet de protestations.
Depuis 2018, des initiatives font ressortir des notions pas si anciennes dans l’histoire (les grands-parents sont toujours là pour la décrire : le besoin de proximité, la santé, une agriculture locale et adaptée aux nombreux micro-climats de l’île, diversifiée, partagée, sans produits de synthèse, respectant l’environnement terrestre et marin, valorisant les déchets en ressources, etc…
Constat
Le développement local de l’agriculture durable (réunissant nombres d’appellations) se réalise avant tout (car l’humain est social) par l’échange d’information (transfert de connaissance, discussions, échanges d’information, …) de façon à multiplier les sources de savoirs.
Sur l’île, il y a les acteurs qui échangent leurs connaissances sur le terrain. Les anciens ont une connaissance pertinente basée sur leur expérience. Encore aujourd’hui une grande part de ce savoir-faire se transmet de « bouche à oreille » ce qui constitue une forme centrale et incontournable dans les échanges entre individus.
En marge, et cette marge grandie depuis enlèvement des fournisseurs internet (fin années 90 à La Réunion), il y a des acteurs qui partagent une connaissance de l’agriculture durable via le réseau internet (profils sur les réseaux sociaux, sites, blogs…). Ces acteurs sont soit des producteurs, des associations militantes pour des agricultures alternatives, des particuliers, des vendeurs, etc… Il est observé :
- de nombreux sites et profils fournissent de l’information,
- les membres d’un site sont souvent inscrits sur d’autres sites, pas évident de tout suivre,
- des listes d’acteurs sont ici et là, et pas toujours actualisés,
- une information redondante ou contradictoire d’un site/profil à l’autre,
- une information amateur et une information professionnelle,
- une information argumentée et une autre en manque d’arguments de base scientifique (c-à-d selon la biologie, géologie, écologie, …),
- une information basée sur l’expérience et une autre basée sur des relais non vérifiés,
- une information furtive et éphémère difficile à retrouver par la suite,
- …
Tous ces sites et profils ont le même objectif : sensibiliser et informer sur une agriculture durable. Cependant quiconque veut trouver une réponse à ses questions quotidiennes, se retrouve devant cette multitude de sources d’information. Il est devenu difficile de s’y retrouver, d’autant qu’à l’avenir les jeunes d’aujourd’hui auront intégrer les réflexes du numérique.
Questions
- est-il pertinent de multiplier les sources numériques d’information en soutien à une agriculture durable à La réunion?
- Qu’apporterait un espace numérique commun réunionnais en soutien à une agriculture durable ?
- Quelles informations manquent pour encourager la réalisation d’une agriculture durable à La réunion?
Merci pour vos réactions et vos conseils.
Laurent