Selon la doctrine bisounours psychobobo qu’on nous serine sur quasiment tous les médias, il serait bon que les affects puissent être exprimés plutôt que réprimés, y compris la colère.
On se garde bien de nous le souligner mais il en est un qui fait exception et c’est la haine parce que depuis un demi-siècle, ce sentiment est tombé sous le coup de la loi, de sorte que nul n’est censé l’ignorer.
Or, qui saurait dire ce qu’est la haine ? Pas le législateur qui s’est bien gardé de la définir, pas le juge qui en juge comme il juge de la pornographie : en prétendant ne pas avoir besoin de la définir pour savoir la reconnaître et pas non plus l’infinie série des « victimes » de tous poils qui accusent tel ou tel d’avoir « la haine de » ceci, de cela, d’eux-mêmes mais aussi, parfois, de soi.
Il y a ainsi là matière à pensée et nous allons tenter de mettre un peu d’ordre dans les nôtres afin de convenir, d’abord au plan psychologique, de la nature de ce sentiment, de ses tenants et aboutissants et donc, de la manière d’y remédier, comme de le prévenir. Ensuite, au plan politique, nous pourrons nous interroger sur la signification, la portée et les risques de lois relatives à des sentiments qui, par essence, ne sauraient être objectivés dès lors qu’ils sont, par nature, subjectifs. Après la police des actes et des mœurs, il y a eu la police de la pensée et voici que s’instaure lentement mais sûrement la police des affects. Ça ne vous fout pas la haine ça ?