Hier je suis tombé (c’est toujours au hasard) sur l’émission Grand Bien Vous Fasse consacrée aux doudous.
Ce qui m’a paru particulièrement frappant et m’incite à attirer votre attention à ce sujet c’est que les intervenants ont tous les mots possibles et imaginables pour parler du doudou mais sans parvenir à dire l’essence du doudou qui est… [roulements de tambour]
qui est… [roulements de tambour]
… la satisfaction du besoin de contrôle !
J’y reviendrai en détail à l’occasion mais du point de vue psychologique le besoin premier, absolu, fondamental qui dépasse de TRES loin les fadaises sexuelles de M. Freud (et les inclut au demeurant), c’est le besoin de contrôle.
Il serait possible de montrer que nous ne sommes que ça mais pour le moment, contentons-nous de reconnaître ce fait : le bébé cherche anxieusement à établir un contrôle sur le monde et sa première satisfaction vient de ses parents car c’est eux qui s’affairent autant que possible pour satisfaire ses besoins divers et autres, cad, au final, son besoin de voir ses anticipations, désirs et autres volontés satisfaits aussi pleinement que possible et aussi rapidement que possible. Et cela, c’est justement qui caractérise l’organisation psychologique humaine : le besoin de contrôle.
On peut définir le contrôle comme le simple fait que la perception que nous avons du monde vient correspondre à ce que nous anticipions.
Vous voyez le ciel, vous pensez qu’il va pleuvoir, il pleut : vous aviez raison, vous avez du « contrôle » sur cette dimension météorologique de votre environnement.
Vous anticipez la sécheresse, vous mettez en oeuvre une ingéniérie géoclimatique avec sels d’argent balancés dans la haute atmosphère par des avions afin de faire pleuvoir, c’est encore du contrôle, mais là il ne se contente pas de découler de la connaissance, il vient de votre action et traduit donc un plus grand pouvoir, donc un plus grand contrôle.
Pour quoi croyez-vous que tous les enfants rêvent d’avoir une baguette magique ? Exactement pour la même raison : pour jouir d’un pouvoir illimité, d’une toute-puissance
Or c’est justement ce dont les parents ont à se plaindre actuellement : leurs enfants sont dans la toute puissance. Rien de surprenant puisqu’ils les ont élevés comme des bébés, cad, des êtres épris d’un puissant désir de contrôle, qui s’affirme donc rapidement via le doudou sur lequel il es temps de s’attarder.
Un doudou, c’est très simple : c’est ce qui, dans un monde mouvant avec des parents qui s’éloignent ou disparaissent de sa vue, va rassurer l’enfant en lui permettant de vérifier l’existence d’une certaine stabilité.
Le doudou c’est de la stabilité, donc de la sécurité, donc du bien-être. Tout ce qui peut fournir cela A VOLONTE peut faire office de doudou.
Quand je dis à volonté, on peut entendre aussi bien celle des parents que celle de l’enfant.
L’idée est de filer à ce dernier un bon shoot de contrôle pour qu’il se calme ou s’endorme, c’est-à-dire, justement quand ses parents s’éloignent et qu’il perd alors du contrôle.
Le doudou est un compensation dans le registre de la stabilité, c’est-à-dire, encore une fois, du contrôle.
Le problème du doudou, c’est qu’à un moment donné, notamment à l’école, on doit apprendre à s’en passer. Or quand on l’habitude de se prendre des shoots, on devient vite dépendant. On pourrait donc parler d’une addiction au doudou.
Mais vous m’accorderez que l’addiction est un autre sujet. Je vais donc m’en tenir là en me satisfaisant de vous avoir mis la puce à l’oreille vis-à-vis du doudou.
A ceux qui écouteront l’émission dans son intégralité (ce que je n’ai pas fait) merci de me signaler s’ils évoquent la question du contrôle. Je ne voudrais pas manquer ça. Mais disons que, a priori, je doute qu’ils le fassent !